Anti-Samson ou futur skinhead ?
Dans de nombreuses disciplines (boxe, judo, haltérophilie, lutte…), les compétitions se déroulent par catégories de poids. Souvent, les concurrents doivent s’astreindre à un régime drastique pour «faire le poids». Mais, parfois, cela ne suffit pas, et il faut ruser. Ainsi de Charles Vinci. Selon la Bible hébraïque, Samson tirait sa force de sa chevelure. Quand Dalila lui rasa les tresses, il perdit cette force et tomba aux mains des Philistins. Il faut croire que les nazirs bibliques et les haltérophiles contemporains ne partagent pas de destin commun. En effet, l’Américain Charles Vinci, médaillé d’argent dans la catégorie des poids coq (moins de 56 kg) aux Championnats du monde en 1955, derrière le Soviétique Vladimir Stogov, comptait briller aux Jeux Olympiques de Melbourne, en 1956. Mais, au matin du 23 novembre 1956, jour de la compétition olympique, ses espoirs semblèrent s’envoler: au moment de l’obligatoire pesée, il accusait plus de 56 kg sur la balance. Les juges s’apprêtaient donc à le disqualifier. Vinci ôta tout ce qui pouvait l’être. Peine perdue: 200 grammes encore superflus allaient briser son rêve olympique. Mais, tout d’un coup, il trouva la solution: Charles Vinci sacrifia son épaisse toison noire et se rasa le crâne. Cette idée de génie lui permit de «faire le poids». Débarrassé de ces 200 grammes et de ses idées noires, ce nouveau chauve conserva sa force, contrairement au Samson de la Bible. Privé de sa chevelure, Charles Vinci réalisa un total de 342,5 kg aux trois mouvements, et il obtint la médaille d’or, devant Vladimir Stogov (337,5 kg).
©Pierre LAGRUE
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