Tout vient à point à qui sait attendre…
Considéré comme le meilleur escrimeur français du début du XXe siècle, Lucien Gaudin n’obtint sa première médaille d’or individuelle aux Jeux Olympiques qu’en 1928, à 42 ans. Éclectique, il brillait pourtant au fleuret comme à l’épée, réconciliant les adeptes de deux armes aussi dissemblables. Avec Gaudin, l’escrime changeait de statut, ce sport se transformant en art. Mais le sort lui fut vraiment contraire.
Champion de France amateur de fleuret dès 1904, à 18 ans, Lucien Gaudin aurait dû briller aux Jeux Olympiques de Londres en 1908. Mais il effectuait alors son service militaire et, de ce fait, il ne put pas participer aux compétitions. En 1912, la Fédération française d’escrime, en désaccord sur un point de règlement avec les organisateurs, décida qu’aucun Français ne se participerait aux épreuves d’escrime des Jeux de Stockholm. Bien sûr, la Première Guerre mondiale provoqua l’annulation des Jeux prévus en 1916 à Berlin. En 1920, Lucien Gaudin put enfin participer aux Jeux, à Anvers. Il avait déjà 34 ans, et ce premier rendez-vous olympique tourna au fiasco: il se blessa durant la compétition d’épée par équipes et dut renoncer à disputer toutes les autres épreuves auxquelles il devait participer.
En 1924, aux Jeux de Paris, Lucien Gaudin semblait ne pas être handicapé par le poids des ans et, à 38 ans, il se trouvait au sommet de son art. Il obtint certes deux médailles d’or dans les compétitions par équipe (fleuret et épée). Mais le sort s’acharna: victime d’une névrite, il fut contraint de renoncer à prendre part aux épreuves individuelles. Alors que chacun avait conclu un peu rapidement que les Jeux de Paris marquaient la fin de la trajectoire olympique de Gaudin, il participa aux Jeux d’Amsterdam en 1928, à 42 ans. Et, dans la compétition individuelle de fleuret, Gaudin toucha enfin le graal: à l’issue de deux journées épuisantes, il arracha la médaille d’or en barrage face au jeune Italien Giulio Gaudini (24 ans). Libéré par ce succès, il remporta également la compétition individuelle d’épée. Ouf! Il était temps.
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