Athlète allemande
Le nom de Gretel Bergmann ne figure pas sur les palmarès olympiques, tout simplement parce qu’elle ne participa jamais aux Jeux. Pourtant, ses performances auraient dû lui valoir la sélection au sein de l’équipe d’Allemagne pour les Jeux de Berlin en 1936. Mais elle était juive…
Athlète brillante, spécialiste du saut en hauteur, Gretel Bergmann établit un record d’Allemagne en 1931. À l’arrivée des nazis au pouvoir, en 1933, Gretel Bergmann est exclue de son club et de la Fédération allemande d’athlétisme, car elle est juive. Elle s’installe en Grande-Bretagne, continue de s’entraîner et rêve de participer aux Jeux de 1936 sous les couleurs du Royaume-Uni. Mais les nazis lui ordonnent de rentrer en Allemagne, et elle se voit contrainte de s’exécuter par crainte de représailles envers sa famille. Les nazis lui indiquent qu’elle sera sélectionnée dans l’équipe d’Allemagne. En effet, dans leur entreprise de «séduction» du monde, les nazis souhaitent montrer l’esprit de «tolérance» qui règne dans le Reich hitlérien. En 1936, elle franchit 1,60 mètre, ce qui constitue le record d’Allemagne, et lui autorise des espoirs de médaille d’or. Pourtant, deux semaines avant le début des Jeux de Berlin, les autorités sportives allemandes lui annoncent qu’elle est exclue de l’équipe d’Allemagne pour «performances insuffisantes». Et son record est effacé des tablettes.
En 1937, Gretel Bergmann émigre aux États-Unis, où elle remportera le titre national de saut en hauteur. En 1942, elle obtient la nationalité américaine. Quant à son record d’Allemagne, il ne sera officiellement reconnu par la Fédération allemande qu’en 2009. Son histoire a fait l’objet d’un film de Kaspar Heidelbach, Berlin 36, dans lequel Karoline Herfurth interprète son personnage. Notons enfin que, pour remplacer Gretel Bergmann, l’Allemagne désigna Dora Ratjen, qui s’appelait en fait Heinrich Ratjen et était un homme…
©Pierre LAGRUE
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.