Une bonne odeur du passé…
Le Tribunal arbitral du sport a définitivement exclu les Russes des compétitions d’athlétisme aux Jeux de Rio. Le Kremlin s’indigne, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov. Le ministre des Sports russe, Vitaly Mutko, dénonce une décision «politique». La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova met en cause Washington. Toutes ces réactions nous replongent au cœur de la guerre froide olympique. Car, ne l’oublions pas, pendant quelque 40 ans, les Jeux Olympiques vécurent au rythme de la guerre froide et de ses soubresauts. Les événements les plus marquants demeurent les boycottages des Jeux de Moscou par les États-Unis en 1980, de Los Angeles par l’U.R.S.S. et les pays communistes en 1984. Mais la rivalité fut aussi sportive. Rappelons que l’U.R.S.S. ne participa aux Jeux qu’à partir de 1952, sur décision de Staline. Dès lors s’engagea une course effrénée aux médailles entre les deux Grands. Cette lutte dura jusqu’à 1992, quand l’équipe unifiée de la C.E.I. remplaça la défunte U.R.S.S. Les systèmes politiques étaient opposés, mais aucun des deux ne respectait les règles de l’amateurisme alors en vigueur. En U.R.S.S., tous les sportifs prétendument «amateurs» demeuraient étudiants durant des années, intégraient l’armée (les clubs du C.S.K.A.) ou la fonction publique, le plus souvent la police (les clubs du Dynamo). Aux États-Unis, les universités «recrutaient» certains étudiants uniquement en raison de leurs capacités sportives; ils pouvaient ainsi consacrer tout leur temps à l’entraînement. Il est amusant de constater que, sur le plan «comptable», cette guerre froide n’eut pas vraiment de vainqueur: en excluant les Jeux de Moscou boycottés par les Américains et les Jeux de Los Angeles boycottés par les Soviétiques, le bilan, pour les Jeux d’été (1952-1988), s’établit à 375 médailles d’or pour l’U.R.S.S., 374 médailles d’or pour les États-Unis.
©Pierre LAGRUE
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