Le village olympique : de grandes réussites, mais pas toujours…
Alors que de nombreuses délégations critiquent le village olympique, Mario Andrada, le directeur de communication du comité d’organisation des Jeux de Rio, a promis que celui-ci serait impeccable avant le début des Jeux. C’est l’occasion de rappeler que le village olympique est né en 1924, à l’occasion de Jeux de Paris: il était situé à Colombes, et constitué de baraques en bois. Depuis lors, la tradition du village olympique a perduré. Certains furent de grandes réussites, mais pas tous…
Voici quelques grandes réussites. Le village olympique des Jeux de Barcelone, en 1992: l’architecte Oriol Bohigas fit surgir un nouveau quartier, la Nova Icaria, sur les terrains industriels désaffectés du Poble Nou. À Sydney, en 2000, le village devint une banlieue résidentielle, Newington (94 hectares, 650 habitations permanentes, 500 habitations transformables). Les Jeux de Londres, en 2012, furent l’occasion de rénover totalement l’Est londonien en réhabilitant la zone de Lower Lee Valley: c’est là que le village olympique est implanté.
Oublions en revanche le somptueux village olympique construit pour les Jeux de Berlin en 1936. Celui-ci participait de l’entreprise de propagande nazie: 140 maisons cossues, chambres équipées d’une douche et du chauffage, 40 restaurants, système interne de télévision câblée pour que les sportifs puissent suivre les compétitions. Bien sûr, les jeunes gens charmants chargés de servir et d’assister les résidents les surveillaient pour le compte de la SA.
Curiosité en 1952 à Helsinki: l’U.R.S.S. participait pour la première fois aux Jeux, et il fut décidé de séparer les athlètes de l’Ouest et de l’Est; on édifia donc deux villages, un dans le centre-ville d’Helsinki, l’autre à 10 kilomètres d’Helsinki, sur les bords de la Baltique.
Impossible de ne pas évoquer le village olympique de Munich, en 1972. Dans ces années 1970 empreintes de liberté, on pouvait circuler sans contrôle dans ce village colossal (19 immeubles de 21 étages, 51 immeubles en terrasse de 3 ou 4 étages, de multiples bungalows). Le commando terroriste palestinien de Septembre noir put y pénétrer facilement le 5 septembre, investissant le bâtiment 31 de la Connollystrasse et prenant des athlètes israéliens en otages; cette opération se termina dans un bain de sang (11 otages tués).
Le village le plus controversé fut sans doute celui des Jeux d’hiver de Lake Placid, en 1980: construit à Ray Brook, à 13 kilomètres de Lake Placid, il deviendra après les Jeux une prison pour délinquants mineurs, c’est-à-dire une maison de correction! Ce réemploi malvenu provoqua l’ire de nombreuses délégations, dont les sportifs étaient logés… dans de futures cellules carcérales.
Terminons par une tendre histoire. En 1956, aux Jeux de Melbourne, dans le village olympique d’Heidelberg, un mur séparait les logements des hommes de ceux des femmes; mais il n’empêcha pas le lanceur de marteau américain Harold Connolly et la discobole tchécoslovaque Olga Fikotová de nouer une idylle qui se terminera par un mariage trois mois plus tard…
©Pierre LAGRUE
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