La flamme olympique pour Pelé ou pour «Guga»?

Le dernier relayeur, un symbole souvent fort

Qui embrasera la vasque olympique durant la cérémonie d’ouverture des Jeux de Rio, le 5 août 2016? Deux favoris: Pelé, l’icône du football mondial et du sport brésilien; le tennisman Gustavo Kuerten, dit «Guga», triple vainqueur du tournoi de Roland-Garros? Mystère, d’autant que Pelé serait déjà occupé par des obligations liées à ses sponsors. Embraser la vasque olympique constitue un honneur, et l’identité du dernier relayeur demeure un secret jalousement gardé. Il s’agit toujours d’une personnalité sportive majeure du pays hôte des Jeux, mais, parfois, ce pays envoie un message qui dépasse le seul monde sportif et même olympique.

Oublions Fritz Schilgen, qui fut en 1936 le premier «dernier relayeur», car le relais fut instauré en 1936 par les nazis à l’occasion des Jeux de Berlin. En 1952, aux Jeux d’Helsinki, on rend hommage au plus grand champion finlandais de tous les temps et on adresse un pied-de-nez au C.I.O.: Paavo Nurmi, radié pour «professionnalisme» en 1932, embrase la vasque. En 1964, les Jeux de Tokyo débutent par un grand moment d’émotion: Yoshinori Sakai, l’«Enfant d’Hiroshima», né le jour même où l’explosion de la bombe atomique détruisit la ville, pénètre dans le stade en portant la torche. En 1968, à Mexico, c’est pour la première fois une femme, Enriqueta Basilio, qui embrase la vasque. En 1976, à Montréal, dans ce Canada où la question linguistique est si sensible, on choisit de célébrer la jeunesse et la communion entre francophones (représentés par Stéphane Préfontaine) et anglophones (Sandra Henderson).

En 1988, la Corée du Sud solde les comptes avec son passé: Sohn Kee-chung remporta le marathon des Jeux de Berlin en 1936; son pays était alors occupé par le Japon et il se nommait Son Kitei; il baissa la tête, honteux, sur le podium; voici le vieil homme qui pénètre sous les applaudissements dans le stade avec la torche. En 1996, à Atlanta, les États-Unis rendent hommage à un champion qu’ils avaient naguère honni en raison de ses positions contre la guerre du Vietnam et en faveur de la cause des Noirs: Muhammad Ali, diminué par la maladie de Parkinson, embrase la vasque dans la ville de Martin Luther King.

À Sydney, en 2000, l’Australie verse elle aussi dans la repentance: elle honore ses premiers habitants, les Aborigènes, en la personne de Cathy Freeman. En 2002, les Jeux d’hiver se déroulent à Salt Lake City sous haute tension, car il s’agit du premier événement d’envergure organisé depuis les attentats terroristes contre le World Trade Center et le Pentagone le 11 septembre 2001. L’Amérique veut réaffirmer au monde sa puissance: qui pouvait mieux incarner cette détermination que les hockeyeurs américains, lesquels, en 1980, dans le contexte de la guerre froide, avaient vaincu les maîtres soviétiques, réalisant le «miracle sur glace»? En 2008, à Pékin, Li Ning symbolise la nouvelle Chine: en 1984, alors que la Chine populaire faisait son entrée aux Jeux, le gymnaste remporta 3 médailles d’or; il est par la suite devenu un homme d’affaires avisé en créant une marque de vêtements florissante.

©Pierre LAGRUE




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Commentaires

Une réponse à “La flamme olympique pour Pelé ou pour «Guga»?”

  1. Avatar de Lecteur57
    Lecteur57

    Finalement, ce fut Vanderlei de Lima !

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