Gymnaste hongroise
Certains destins confinent à la dramaturgie, la petite histoire de chacun s’inscrivant dans les tumultes de la grande Histoire du monde. Ainsi de celui d’Ágnes Keleti. Ágnes Keleti se distingua très jeune par ses qualités de gymnaste et devint championne de Hongrie à 16 ans. Juive, elle échappa à l’Holocauste durant la Seconde Guerre mondiale en se faisant passer pour une chrétienne. Sa sœur et sa mère eurent aussi la vie sauve: comme des milliers de juifs hongrois, elles furent sauvées de la mort par diplomate suédois Raoul Wallenberg, qui, grâce à son statut, délivrait de faux passeports suédois, et sera Juste parmi les nations. En revanche, son père mourut à Auschwitz.
Après la guerre, Ágnes Keleti continua de se briller en gymnastique: elle remporta ainsi quatre médailles (dont une en or) aux Jeux Olympiques d’Helsinki, en 1952. En 1956, aux Jeux Olympiques de Melbourne, Ágnes Keleti, qui se trouvait à son apogée, s’adjugea cinq médailles (dont trois en or). Ses triomphes durant ces Jeux sont d’autant plus marquants si on précise qu’elle fut la seule gymnaste à damer le pion aux Soviétiques dans un contexte terrible. En effet, durant ces Jeux de Melbourne, son pays subissait la répression de l’insurrection populaire par l’Armée rouge. Ágnes Keleti apprit alors que sa mère avait été tuée lors des affrontements. Pour Ágnes Keleti, la peine était trop forte… À l’issue des Jeux, elle resta en Australie, qui lui accorda l’asile politique.
©Pierre LAGRUE
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.