Ingénieur français
Si l’olympisme inattendu dresse un petit portrait d’Alfred Picard, c’est que celui-ci a, bien involontairement, faillit provoquer la mort des Jeux Olympiques peu après qu’ils étaient nés. Conseiller d’État en 1882, directeur général des Ponts et Chaussées, des Mines et des Chemins de fer en 1885, Alfred Picart fut le rapporteur général de l’Exposition universelle de Paris, en 1889. Il fut désigné commissaire général de l’Exposition universelle de Paris en 1900. Au grand dam de Pierre de Coubertin, Alfred Picart dilua les Jeux Olympiques de 1900 dans cette Exposition universelle. En effet, Alfred Picard proposa d’organiser dans ce cadre des «concours internationaux d’exercices physiques», ouverts au plus grand nombre, pour promouvoir le caractère scientifique et éducatif de l’activité corporelle. Coubertin, totalement opposé à ce projet sur lequel il n’avait jamais été consulté, tenta en vain de mobiliser ses relations pour s’y opposer. Le baron dut s’incliner: les «concours» de Picard furent dénommés «Jeux Olympiques» par le Comité international olympique (C.I.O.). Le succès de l’Exposition de 1900 fut réel (Alfred Picard rédigea un volumineux rapport, intitulé Le Bilan d’un siècle, pour en rendre compte). En revanche, les Jeux Olympiques de Paris, en 1900, se traduisirent par un fiasco. Pierre de Coubertin, meurtri, dut mettre plus de cœur à l’ouvrage encore pour que les Jeux Olympiques fussent pérennisés. Quant à Alfred Picart, il poursuivit une brillante carrière, qui lui vaudra un siège à l’Académie des sciences (1902), puis d’être nommé vice-président du Conseil d’État en 1912.
©Pierre LAGRUE