Alice MILLIAT (1884-1957)

Institutrice et sportive française, militante du combat pour la reconnaissance du sport féminin

Alice Milliat, par son action, fut sans doute une des principales protagonistes de l’ouverture des Jeux Olympiques aux femmes. Veuve, passionnée de voyages et de sport, présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France, Alice Milliat demanda dès 1919 à Pierre de Coubertin d’inclure des épreuves féminines d’athlétisme aux Jeux Olympiques d’Anvers en 1920. Le baron refusa. Mais Alice Milliat contre-attaqua. Présidente de la Fédération sportive féminine internationale (F.S.F.I.) née en 1921, Alice Milliat organisa en 1922 des «championnats olympiques féminins» au stade Pershing, dans le bois de Vincennes, à Paris. J. Sigfrid Edström, alors président de la Fédération internationale d’athlétisme, s’indigna de ce putsch féminin… Néanmoins, Alice Milliat et J. Sigfrid Edström prirent langue… La Française refusa de renoncer aux championnats féminins, mais accepta de supprimer le qualificatif «olympique». Dès lors, la F.S.F.I. devint un interlocuteur puissant que le C.I.O. ne pouvait plus ignorer avec dédain: cinq épreuves féminines d’athlétisme figurèrent ainsi au programme des Jeux d’Amsterdam en 1928.

Alice Milliat, méfiante, décida néanmoins de pérenniser les Jeux mondiaux féminins. La troisième édition se tint à Prague, en 1930: quelque 270 femmes, représentant 17 pays, s’affrontèrent durant quatre jours sous les applaudissements de 60000 spectateurs. En 1934, à Londres, plus de 6000 personnes assistèrent chaque jour aux compétitions des Jeux mondiaux féminins. Par ailleurs, la F.S.F.I. tint régulièrement des congrès, dont les travaux furent de grande qualité: c’est ainsi que la F.S.F.I., très novatrice, proposa dès 1936 que des contrôles de féminité soient instaurés lors des compétitions internationales (le C.I.O. attendra 1968 pour les mettre en œuvre). En 1932, six épreuves féminines d’athlétisme (100 mètres, 80 mètres haies, relais 4 fois 100 mètres, saut en hauteur, lancer du disque, lancer du javelot) figurèrent au programme des Jeux de Los Angeles; en 1936, à Berlin, toutes furent maintenues. La F.S.F.I. considéra alors que le risque d’un retour en arrière était écarté, que son combat était gagné et prononça sa dissolution en 1938.

©Pierre LAGRUE