Athlète kenyan
Ben Jipcho fait partie de ces champions kenyans qui ont dû mettre de côté leur ego, se dévouer pour un compatriote présumé plus fort. Ben Jipcho mit en effet son talent au service du célèbre Kipchoge Keino, ce qui lui vaut de figurer ici au titre de l’olympisme inattendu. Ben Jipcho découvre l’athlétisme en 1964, mais se fait connaître en 1968. Cette année-là, ses performances lui valent d’être sélectionné dans l’équipe kenyane pour les Jeux Olympiques de Mexico, sur 1500 mètres. Son rôle est de se dévouer pour Keino. Aussi, dès le départ de la course, il impose un train d’enfer, Keino se calant dans sa foulée. Le favori américain Jim Ryun hésite à suivre ce rythme fou, et Keino devient champion olympique, devant Ryun, alors que Jipcho se classe à une anecdotique dixième place. Afin de pouvoir s’émanciper, Jipcho décide de délaisser le 1500 mètres pour se consacrer au 3000 mètres steeple. Médaillé d’argent dans cette épreuve aux Jeux du Commonwealth britannique en 1970, il fait figure de favori du 3000 mètres steeple des Jeux Olympiques de Munich, en 1972. Hélas pour lui, Kipchoge Keino décide de participer lui aussi au 3000 mètres steeple, alors qu’il est novice dans cette épreuve. Keino devient champion olympique, Jipcho est médaillé d’argent. Il semble qu’il n’ait pas sacrifié ses chances, mais le doute existe. Keino ayant pris sa retraite sportive, Jipcho devient le leader de l’athlétisme kenyan. En 1973, il bat plusieurs fois le record du monde du 3000 mètres steeple, le portant à 8 min 13,91 s, et il remporte le 5000 mètres et le 3000 mètres steeple aux Jeux africains. En 1974, aux Jeux du Commonwealth britannique, il gagne le 5000 mètres, le 3000 mètres steeple, et obtient la médaille de bronze dans le 1500 mètres. Dès 1975, il met un terme à sa carrière sportive. Peu importe, il n’aurait pas pu participer aux Jeux Olympiques de Montréal, en 1976, en raison du boycottage décrété par les pays africains.
©Pierre LAGRUE