Athlète américaine
Betty Robinson mérite doublement mention au titre de l’olympisme inattendu, car elle fut la première championne olympique du 100 mètres et connut un destin personnel hors norme. Avant les Jeux d’Amsterdam, en 1928, les compétitions d’athlétisme étaient réservées aux hommes. En 1928 donc, les femmes furent enfin autorisées à participer à des épreuves d’athlétisme, cinq en l’occurrence, dont celle qui deviendra la plus prestigieuse, le 100 mètres. La toute jeune Betty Robinson, qui n’avait couru son premier 100 mètres qu’un an avant ces Jeux, puis avait battu le record du monde en juin 1928 (12,0 s), remporta la médaille d’or (12,2 s). Elle devançait les Canadiennes Fanny Rosenfeld, une sportive complète, et Ethel Smith. Durant ces Jeux, Betty Robinson obtint aussi la médaille d’argent dans le relais 4 fois 100 mètres avec l’équipe des États-Unis, battue par l’équipe du Canada. En 1931, le destin de Betty Robinson bascula: victime d’une catastrophe aérienne, elle fut considérée comme morte, et ce n’est que quand son «corps» fut transporté à la morgue qu’on s’aperçut qu’elle vivait encore. Elle restera sept mois dans le coma. Acharnée, Betty Robinson reprit l’entraînement, mais, handicapée par ses blessures, il lui était impossible de s’agenouiller, et donc de prendre le départ d’un 100 mètres. Elle fut néanmoins sélectionnée dans l’équipe des États-Unis de relais 4 fois 100 mètres pour les Jeux de Berlin en 1936. Les Allemandes, largement en tête, laissèrent échapper le témoin et abandonnèrent, alors que Betty Robinson transmis parfaitement le témoin à Helen Stephens, et, avec ses coéquipières, elle obtint donc une seconde médaille d’or olympique. Betty Robinson mit alors un terme à sa carrière d’athlète.
©Pierre LAGRUE