Une cohabitation difficile pour une épreuve atypique
Le 26 septembre, le sélectionneur Bernard Bourreau a retenu Nacer Bouhanni et Arnaud Démare pour disputer le Championnat du monde cycliste qui a lieu le 16 octobre 2016 au Qatar. Sur un parcours sans difficulté, le maillot arc-en-ciel semble promis à un sprinter. Les deux hommes, entourés chacun de sa garde rapprochée, devront tenter de cohabiter sous le maillot de l’équipe de France, ce qui ne semble pas aller de soi, leurs rapports étant tendus.
Le Championnat du monde est en effet une course atypique dans le calendrier international. Pour la seule fois de l’année, des champions qui sont d’habitude rivaux (chacun porte les couleurs de son sponsor au sein d’une équipe de marque) sont réunis sous le maillot national et deviennent en théorie équipiers. L’histoire de l’épreuve prouve que cette alliance obligée pose souvent problème. Quelques exemples. En 1963, le Belge Benoni Beheyt, qui devait emmener le sprint pour son leader Rik Van Looy, ne respecta pas la consigne et remporta l’épreuve devant Van Looy, qui lui en garda rancune. En 1966, Jacques Anquetil et Raymond Poulidor, englués dans leur rivalité, laissèrent échapper un titre qui semblait promis à l’un ou l’autre, ce qui fit le bonheur de l’Allemand Rudi Altig. En 1968, le Belge Eddy Merckx favorisa le succès de l’Italien Vittorio Adorni, son habituel équipier au sein de la formation Faema. En 2013, les Espagnols Joaquim Rodríguez et Alejandro Valverde, faute d’entente, furent privés de la victoire par le Portugais Rui Costa.
©Pierre LAGRUE