Un grand bond en arrière pour être «moderne»
Le 3 août 2016, le Comité international olympique (C.I.O.) a inscrit 5 nouveaux sports au programme des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020: le baseball-softball, le surf, le skateboard, le karaté et l’escalade. Son objectif avoué est de séduire la jeunesse (surf, skateboard et escalade sont prisés des jeunes, qui constituent un «marché» potentiel important). Mais, pour ce faire, il a modifié sa propre règle destinée à lutter contre le gigantisme. En effet, il avait fixé le nombre maximal d’épreuves à 310, le nombre maximal de concurrents à 10500. À chaque fois qu’une nouvelle épreuve était inscrite, une autre devait disparaître. Or les 18 nouvelles épreuves concerneront 474 sportifs, mais aucune épreuve ne quittera le programme.
L’équivalent des sports de démonstration de jadis ?
Néanmoins, ces 5 nouveaux sports sont inscrits uniquement pour 2020, et ils devront représenter leur candidature pour l’édition de 2024. Or, quand un sport devient «olympique», il change de dimension: le rendez-vous quadriennal structure la carrière des pratiquants, qui peuvent parfois sacrifier une saison pour mieux préparer les Jeux l’année suivante. Quid quand la présence de la discipline aux Jeux est «provisoire»?
En fait, ces 5 sports proposés par les organisateurs des Jeux de Tokyo évoquent les sports de démonstration inscrits naguère de manière non officielle aux Jeux. En effet, les sports démonstration constituaient un volet spécifique du programme olympique. Ils avaient deux vocations bien distinctes: il pouvait s’agir d’un sport enraciné dans la culture locale du pays hôte, lequel profitait de l’occasion pour le faire connaître, ou d’une discipline «mise à l’essai» à l’initiative du C.I.O., qui ne donnait pas lieu à des médailles, mais avait vocation à intégrer le programme officiel dans un futur proche.
Ainsi, à partir des années 1980, l’inscription d’un sport de «démonstration» servait essentiellement à valider son entrée planifiée dans le programme officiel des Jeux. Ce fut le cas du tennis (sport de démonstration en 1984, sport officiel en 1988), du base-ball (sport de démonstration en 1984, sport officiel de 1992 à 2008, et en 2020 donc), du badminton (sport de démonstration en 1988, sport officiel en 1992), du taekwondo (en 1988, cet art martial coréen, élément du patrimoine national depuis le milieu des années 1950, fut sport de démonstration à Séoul; il le demeura en 1992, avant d’intégrer le programme officiel en 2000).
Si Paris est élue ville olympique en 2017, le programme des Jeux de 2024 comprendra-t-il des compétitions de savate ou de pétanque?
©Pierre LAGRUE
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.