Quidam français, amateur de pêche
On ne connaît rien d’Émile Lesueur. Il ne figure dans aucun des palmarès olympiques. On sait seulement qu’il venait d’Amiens. L’olympisme inattendu, dont c’est la mission, se doit de mettre en valeur les inconnus, qui tiennent une place très secondaire, marginale mais cocasse dans l’histoire des Jeux. En effet, Émile Lesueur remporta le concours de pêche à la ligne organisé sur l’île aux Cygnes, du 5 au 8 août 1900, dans le cadre des «concours internationaux d’exercices physiques» de l’Exposition universelle de Paris, c’est-à-dire des deuxièmes Jeux Olympiques. Mais il ne fut pas champion olympique, car le Comité international olympique (C.I.O.) n’attribua pas le qualificatif «olympique» à la pêche à la ligne, contrairement au croquet ou au tir aux pigeons vivants… On sait que les 600 concurrents remontèrent au total 881 poissons, un maigre butin pour des champions de leur trempe. Ainsi, Émile Lesueur ne passa pas à la postérité, au contraire de vainqueurs d’épreuves qui, elles, reçurent le label olympique, ce qui est bien discutable avec le recul: Charles De Vendeville, qui remporta le 60 mètres sous l’eau; Gaston Aumoitte et Chrétien André Waydelich, qui remportèrent les compétitions ce croquet (le premier s’imposant dans l’épreuve à une balle, le second dans l’épreuve à deux balles); Léon de Lunden, triomphateur du concours de tir aux pigeons (il abattit 21 pigeons vivants sur 21).
©Pierre LAGRUE