Nageuse australienne
Fanny Durack a marqué l’histoire du sport puisqu’elle devint, en 1912, la première championne olympique de natation. En outre, elle dut se battre pour participer et, surtout, elle tenta de militer pour la cause de l’émancipation des femmes en Australie. En effet, malgré l’hostilité de Pierre de Coubertin, le Comité international olympique (C.I.O.) avait décidé que, pour la première fois, des épreuves féminines de natation seraient inscrites au programme olympique, aux Jeux de Stockholm en 1912. Fanny Durack, jeune fille de caractère capable de braver les interdits de l’époque (alors que le code de bonne conduite ne permettait pas à une femme de se montrer en maillot de bain devant des hommes, elle avait pris part à des compétitions mixtes), souhaita bien sûr participer aux Jeux. Mais les autorités australiennes firent barrage, avançant des arguments fallacieux : le voyage était coûteux et on disait craindre que des tentations contraires aux bonnes mœurs ne s’insinuent pas dans son esprit. Finalement, Fanny Durack fut autorisée à se rendre en Suède, tout comme sa compatriote Wilhelmina Wylie. On leur alloua 150 livres pour couvrir les frais de voyage et de séjour ainsi que… deux chaperons, la sœur aînée de Fanny et le père de Wilhelmina ! Fanny Durack remporta le 100 mètres, devant Wilhelmina Wylie. Forte de sa renommée, Fanny Durack critiqua le sexisme dans le sport. Elle reçut le soutien de Marion McIntosh, présidente de la Fédération amateur de Nouvelle-Galles-du-Sud, qui organisa en février 1913 une compétition féminine de natation pour laquelle les spectateurs masculins furent admis dans les gradins : Fanny Durack, vedette de la journée, remporta sans doute là sa plus belle victoire. Fanny Durack, victime d’une crise d’appendicite, ne fut pas en mesure de participer aux Jeux Olympiques d’Anvers, en 1920. En 1921, elle mit un terme à sa carrière, durant laquelle elle a battu douze records du monde. Elle s’occupa par la suite des jeunes de son quartier, qu’elle initia aux joies de la natation.
©Pierre LAGRUE