Athlète allemand
Fritz Schilgen, coureur de demi-fond, n’a jamais réalisé de grandes performances sportives. Il n’a même jamais participé aux Jeux Olympiques. Il demeure pourtant un des personnages marquants de l’histoire de l’olympisme, car il fut, en 1936 à Berlin, le premier sportif à embraser la vasque olympique. En effet, le relais de la flamme olympique fut instauré par les nazis à l’occasion des Jeux de Berlin en 1936, sur une idée de Carl Diem, secrétaire du comité d’organisation de ces Jeux, reprise par Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Reich. Le dernier relayeur devait donc satisfaire à tous les «canons» des thuriféraires de la prétendue supériorité de la race aryenne, devenir le «symbole de la jeunesse sportive allemande». La commission d’esthétique du parti nazi, conseillée par Leni Riefenstahl, désigna Fritz Schilgen. Son arrivée dans le stade olympique, mise en scène et filmée par Leni Riefenstahl pour Olympia (Les Dieux du stade), demeure une image aussi forte que nauséabonde de l’olympisme. Fritz Schilgen, dont la seule performance notable fut une médaille d’argent dans le 5000 mètres des Championnats du monde universitaires de 1928, connut une inattendue notoriété. Une notoriété qu’il ne cherchait pas, car Fritz Schilgen ne fut jamais membre du parti nazi. Par la suite, Fritz Schilgen sera consultant auprès du Comité international olympique et participera à l’organisation des Jeux Olympiques de Munich en 1972.
©Pierre LAGRUE