Il y a 80 ans s’ouvraient les sinistres Jeux Olympiques de Berlin…

N’oublions jamais…

Le 1er août 1936 s’ouvraient les Jeux Olympiques de Berlin. Ce fut une gigantesque mascarade et ces Jeux demeurent une tache indélébile pour le mouvement olympique. Pourtant, tout aurait pu être évité… En effet, les Jeux furent attribués à Berlin en 1931, au temps de la République de Weimar. Arrivé au pouvoir le 30 janvier 1933, Hitler se déclara opposé à la tenue des Jeux, car, pour les nazis, le sport devait uniquement servir à l’épanouissement d’une race aryenne appelée à dominer le monde. Mais tout changea dès le 16 mars 1933.

Theodor Lewald et Carl Diem, président et secrétaire général du comité d’organisation, parvinrent à convaincre Hitler et Goebbels de l’intérêt des Jeux pour le prestige du Reich. La mascarade pouvait commencer. Alors que le Reichssportführer Hans von Tschammer und Osten déclarait que «le sport allemand [est] fait pour les Aryens», que «la direction de la jeunesse allemande [appartient] tout entière aux Aryens et non aux Juifs», Hitler et Goebbels jugèrent qu’il convenait de rassurer l’opinion internationale plutôt que de satisfaire les militants nazis. Dès août 1935 commença dans la presse et à la radio la campagne de propagande Pax olympica, destinée à appeler aux «Jeux de la paix», dans une «Allemagne national-socialiste pacifique». Alors que les lois racistes de Nuremberg étaient promulguées le 15 septembre 1935, on reçut consigne de ne pas les appliquer avec trop de rigueur en ce qui concerne les sportifs: «Un règlement général du sport juif interviendra à la fin de l’olympiade», indiqua la direction de la SS.

Mais rien n’aurait été possible sans la naïveté complice du mouvement olympique. Le comte Henri de Baillet-Latour, président du C.I.O., adressera de nombreuses mises en garde au führer au sujet du respect de la Charte olympique et du protocole, mais il se satisfera à chaque fois des réponses, verbales ou écrites, du chancelier du Reich. Aux États-Unis, les appels au boycottage des Jeux de Berlin se multiplieront. Avery Brundage, président du Comité olympique américain, se rendra en Allemagne pour une visite d’inspection. Au terme de sa visite, il affirmera que «les Juifs allemands [sont] contents de leur sort d’un point de vue sportif» et qu’il «[faut] participer aux Jeux de Berlin».

Le 1er août 1936 se déroule donc la gigantesque cérémonie d’ouverture des Jeux de Berlin. Cent mille spectateurs se lèvent et, bras tendu, saluent Hitler quand il prend place dans la loge présidentielle, accompagné de Baillet-Latour. Adolf Hitler proclame l’ouverture des Jeux. L’Hymne olympique, composé par Richard Strauss, est interprété par dix mille choristes accompagnés par l’Orchestre philharmonique de Berlin dirigé par Strauss lui-même. Pour la première fois, sur une idée de Carl Diem retenue par Goebbels, la flamme olympique a été allumée à Olympie. Au terme d’un relais de 3000 kilomètres qui a emprunté l’Unter den Linden, devenue une sorte de voie triomphale couverte de drapeaux au svastika et aux cinq anneaux, surveillée par quarante mille SA en tenue kaki, Fritz Schilgen pénètre dans le stade, parcourt un demi-tour de piste et embrase la vasque.

«Avec ces Jeux, on a mis entre nos mains un instrument de propagande inestimable», pouvait-on lire dans la presse officielle nazie en 1935. «Nous allons nous mesurer aux nations de la terre et leur montrer quelles forces l’idée de la communauté nationale est à elle seule capable de mettre en œuvre», écrivait Joseph Goebbels. La suite leur donna tristement raison.

Pour voir mon intervention donnée au Huffington Post, cliquez ici.

©Pierre LAGRUE




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