Athlète kenyan
Précurseur, Kipchoge Keino fut le premier spécialiste du demi-fond de valeur mondiale issu d’Afrique noire. Né dans une famille pauvre de six enfants, il connaît la douleur de perdre sa mère à l’âge de trois ans. Il ne fréquente l’école qu’à partir de treize ans, et la quitte à seize ans, faute de moyens financiers. Le jeune homme décide de se consacrer à la course à pied. À partir de 1958, il s’entraîne à Kijango, sous la houlette de Mickael Wade, qui lui prodigue de nombreux conseils. Puis il est soutenu par l’ancien champion olympique du 800 mètres, l’Américain Mel Whitfield. Il progresse et participe aux jeux Olympiques en 1964, se classant cinquième du 5 000 mètres.
Il devient recordman du monde du 5 000 mètres en 1965 (13 min 24,2 s). Médaillé d’argent sur 5 000 mètres lors des Jeux Olympiques de Mexico en 1968, derrière le Tunisien Mohamed Gammoudi, il réalise, le 20 octobre 1968, un authentique exploit : malgré l’altitude, il part au sprint dès le début du 1 500 mètres olympique et s’impose en 3 min 34,9 s devant Jim Ryun à 2,9 s ! En 1972, à Munich, néophyte de l’épreuve, il remporte le 3 000 mètres steeple devant son compatriote Ben Jipcho, puis obtient une médaille d’argent sur 1 500 mètres, derrière le Finlandais Pekka Vasala.
Après sa carrière sportive, Kipchoge Keino, qui avait accueilli dans sa famille trois orphelins en 1964, se consacre entièrement aux enfants de son pays. Il ouvre une « maison des enfants », qui recueille de nombreux orphelins, auxquels il permet de recevoir une éducation. La réussite sociale de ceux-ci est pour lui une plus grande fierté que tous les titres qu’il a glanés sur les pistes. Ainsi, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de 2016, le C.I.O. lui décerne les premiers Lauriers olympiques pour son action sociale et éducative au Kenya. Soupçonné de corruption, il est disculpé en 2018.
©Pierre LAGRUE