Coubertin, avant-garde du prolétariat !
Pierre de Coubertin est souvent présenté comme un réactionnaire, ce qui n’est pas faux. Pourtant, il proposa en 1891 la création d’un enseignement universitaire ouvrier. «J’attends beaucoup de la classe ouvrière. Des forces magnifiques reposent dans son sein. Elle m’apparaît capable de très grandes choses», écrira-t-il. Pour lui, puisque «la démocratie est le nombre», de nouvelles institutions pédagogiques devaient être inventées, afin que la multitude accède aux trésors de l’intelligence et de la beauté. Mais, à l’époque, on lui fit comprendre que cette idée est saugrenue…
Un quart de siècle passera avant que Coubertin revienne à la charge sur ce sujet. En 1918, alors que la Grande Guerre s’achevait, il jeta enfin les bases d’une «université ouvrière»: «La question des universités ouvrières est l’une des plus essentielles et des plus urgentes qui se posent à l’heure actuelle. Ouvrez les portes du temple. Il n’est que temps. L’avenir de l’humanité l’exige», écrit-il. Puis Coubertin tenta de fédérer l’opinion autour de son projet d’université ouvrière, en s’appuyant sur deux institutions qu’il avait créées: l’Union pédagogique universelle (1925) et le Bureau international de pédagogie sportive (1928). Dans son esprit, l’université ouvrière devait être gérée par les usagers eux-mêmes: «Si l’on veut de nos jours qu’une université ouvrière non seulement prospère, mais vive, il faut en laisser la direction aux étudiants.» Généreux plus que lucide, Coubertin était en avance sur son temps. Bientôt, les totalitarismes allaient s’imposer en Europe…
©Pierre LAGRUE
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