L’armée de Ma Junren fait perdre les Jeux de 2000 à Pékin

Supplice chinois, sang de tortue et soupe de chenilles…

2000MAJUREN2En septembre 1993, à Monaco, le Comité olympique international olympique (C.I.O.) est réuni pour attribuer les Jeux de l’an 2000. Ceux-ci semblent promis à Pékin, qui souhaite matérialiser avec les Jeux l’ouverture nouvelle du pays le plus peuplé de la planète au reste du monde. Pékin bénéficie en outre du soutien de Juan Antonio Samaranch, président du C.I.O. Mais, à la surprise générale, Sydney est désignée, avec 45 voix, contre 43 à Pékin. Pourtant, la question des droits de l’homme en Chine n’a pas eu un grand poids. En revanche, quelques semaines plus tôt, en août, les Chinoises avaient dominé les épreuves de demi-fond des Championnats du monde d’athlétisme de Stuttgart. Celles-ci, entraînées par Ma Junren, réalisèrent des performances «stupéfiantes». Ma Junren indiqua qu’il fortifiait les athlètes de son «armée» en leur faisant boire du sang de tortue et de la soupe de chenilles aux champignons. Mais les soupçons de dopage étaient trop forts… La Chine devra attendre encore 8 ans avant d’organiser les Jeux.

En outre, il s’avéra que les Chinoises, parmi lesquelles Wang Junxia et Liu Dong, championnes du monde en 1993, étaient non seulement dopées contre leur gré, mais aussi quasi torturées. Dix d’entre elles envoyèrent dès 1995 une lettre à un journaliste chinois, Zhao Yu, un véritable appel au secours, intitulé «Ayez pitié de nous!». Elles se disaient traitées par leur entraîneur comme des «machines» et du «bétail». Dans son livre Enquête sur l’armée de Ma, publié en 1998, Zhao Yu renonça, sous la pression de son éditeur, à inclure la lettre. Mais il est vrai que Pékin avait de nouveau candidaté pour les Jeux de 2008, et que, 3 ans avant le vote du C.I.O., il convenait déjà d’éviter les soubresauts. Finalement, le témoignage figura dans la réédition de l’ouvrage, en 2016… Mais partiellement: dans cette réédition, on lit que les athlètes se plaignent d’avoir été dopées par leur entraîneur, mais les autres violences qu’elles ont subies sont occultées. Le livre Enquête sur l’armée de Ma agite alors la sphère sportive et olympique, et des sanctions pourraient s’ensuivre. Par souci d’objectivité, il faut dire que l’authenticité du document «Ayez pitié de nous!» reste à établir, même si le doute est faible.

©Pierre LAGRUE




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