Le chauvinisme, valeur universelle…
Le dénouement du concours de saut à la perche des Jeux de Rio de Janeiro, le 15 août 2016, aurait pu rester comme un instant magique, celui où des champions au sommet de leur art s’affrontent pour la médaille d’or olympique. Il n’en est rien, puisque le public brésilien ne s’est pas contenté d’encourager son compatriote, Thiago Braz da Silva, mais a conspué tous ses rivaux, notamment le Français Renaud Lavillenie. Pis, lors de la cérémonie de remise des médailles, Lavillenie fut accueilli par des huées stupides, ce qui lui fera monter les larmes aux yeux.
Ce spectacle désolant est malheureusement loin d’être une première aux Jeux Olympiques. Déjà, en 1924, à l’occasion des Jeux de Paris, Montherlant écrivait, à l’issue du match de rugby France-États-Unis marqué par le chauvinisme exacerbé du public français: «La France sent renaître en elle une vigoureuse xénophobie.» On se souvient que les Jeux de Moscou, en 1980, furent le théâtre de multiples manifestations de chauvinisme. Et déjà lors du concours de saut à la perche: tous les rivaux du Soviétique Konstantin Volkov furent sifflés à chaque fois qu’ils se présentaient devant le sautoir; le Polonais Wladislaw Kozakiewicz, à l’issue de son succès, ne put s’empêcher de faire un bras d’honneur à tous ces chauvins. Quatre ans plus tard, aux Jeux de Los Angeles en 1984, le chauvinisme du public fut encore de la fête, seuls les Américains étant encouragés.
Oui, le public de Rio a raté son rendez-vous avec l’olympisme. Mais il n’est pas le premier, et sûrement pas le dernier…
©Pierre LAGRUE
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