Une fausse bonne idée au regard de l’histoire ?
Le 1er juin 2016, l’Association internationale de boxe amateur (A.I.B.A.) a autorisé les boxeurs professionnels à participer aux Jeux Olympiques dès l’édition de Rio de Janeiro en 2016, par 88 voix contre 4. La décision fait polémique dans le monde du noble art, car le format des combats est totalement différent chez les professionnels (12 rounds de 3 minutes) et chez les amateurs (3 rounds de 3 minutes). La décision fait d’autant plus polémique qu’elle a été prise tardivement, et la plupart des professionnels ne seront pas présents à Rio, car s’adapter au format amateur, où la vitesse prime sur la puissance, demanderait plusieurs semaines. Ainsi, le Philippin Manny Pacquiao, qui rêvait de représenter son pays aux Jeux Olympiques, a déjà annoncé qu’il y renonçait.
Certes, la décision de l’A.I.B.A. semble aller dans le sens de l’histoire, puisque la boxe était le dernier sport olympique à ne pas accueillir les professionnels. Pourtant, historiquement, le tournoi olympique permettait à de jeunes boxeurs de se faire connaître, et d’entamer par la suite une carrière chez les professionnels. Plusieurs grands pugilistes sont ainsi passés par la case «olympique» avant d’écumer les rings chez les «pros».
Ils ont brillé aux Jeux puis chez les professionnels
Frankie Genaro (19 ans) fut champion olympique des poids mouche en 1920 à Anvers, avant de conquérir la ceinture mondiale en 1928. En 1924, Fidel LaBarba (19 ans) lui succéda au palmarès olympique dans la même catégorie: dès l’année suivante, il devint champion du monde. Floyd Patterson, champion olympique dans la catégorie des poids moyens en 1952 à 17 ans, devint champion du monde des poids lourds en 1956, à 21 ans.
Les années 1960 virent plusieurs champions olympiques devenir par la suite des maîtres du noble art chez les professionnels. En 1960, à Rome, l’Italien Nino Benvenuti s’imposa chez les welter: il fut champion du monde des super-welter en 1965, des moyens en 1967. Mais, à Rome, les férus de boxe furent plus impressionnés par la victoire d’un jeune poids mi-lourd américain de 18 ans au style novateur: il se nommait Cassius Clay, et devint champion du monde des lourds en 1965 en battant Sonny Liston, puis, connu désormais sous le nom de Muhammad Ali, il fut considéré comme «The Greatest» («le plus grand»). Ali dut néanmoins baisser provisoirement pavillon en 1971 face à Joe Frazier, champion olympique des lourds en 1964. Frazier perdit son titre en 1973, battu par George Foreman, champion olympique des lourds en 1968. Quant à Foreman, il céda sa ceinture à… Muhammad Ali en 1974. Durant une décennie, chez les poids lourds, la boxe professionnelle constitua donc un prolongement des tournois olympiques.
Les Jeux de Montréal, en 1976, furent propices à l’éclosion de futurs champions du monde professionnels: le jeune Sugar Ray Leonard (20 ans), champion olympique des super-légers, fut champion du monde dans 5 catégories; Michael Spinks, médaillé d’or chez les moyens, fut champion du monde des poids mi-lourds en 1981, des poids lourds en 1985. Pernell Whitaker, champion olympique des poids légers en 1984, fut champion du monde dans 4 catégories (des légers aux super-welter, de 1989 à 1997).
En 1988, à Séoul, Lennox Lewis fut champion olympique des lourds sous les couleurs du Canada. Devenu britannique, il mènera une splendide carrière chez les professionnels: champion du monde (W.B.C.) en 1992, il deviendra, en 1999, le premier Britannique, depuis Robert Fitzsimmons en 1899, à unifier le titre des lourds. Son adversaire en finale à Séoul, l’Américain Riddick Bowe, fut lui aussi champion du monde (1992). Oscar de la Hoya, médaillé d’or chez les poids légers en 1992, fut champion du monde professionnel dans 6 catégories (des super-plume aux moyens, de 1994 à 2004).
©Pierre LAGRUE
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