Athlète allemande
La trajectoire sportive de Lina Radke, née Karoline Batschauer, résume la misogynie olympique originelle. En effet, les femmes ne furent autorisées à participer aux compétitions d’athlétisme aux Jeux qu’à partir de 1928, à Amsterdam. Une des cinq épreuves du programme était le 800 mètres. Lina Radke, qui avait entamé sa carrière sportive en 1924, se distinguait dans les courses de demi-fond. En 1927, elle établit le premier de ses six records du monde sur 800 mètres. Elle était donc la favorite de cette épreuve aux Jeux d’Amsterdam, et elle tint son rang: à l’issue d’un beau duel, Lina Radke s’imposa devant la japonaise Kinue Hitomi, devenant la première championne olympique allemande. Mais quelques concurrentes terminèrent épuisées, et les thuriféraires de la «masculinité sportive» en profitèrent pour émettre de violentes critiques concernant la participation féminine aux Jeux. Le Comité international olympique (C.I.O.) décida de rayer le 800 mètres du programme. Jusqu’en 1960, aucune épreuve athlétique d’une distance supérieure à 200 mètres ne fut ouverte aux femmes aux Jeux. Lina Radke établit son dernier record du monde, sur 1000 mètres, en 1930. Installée à Breslau avec son mari, Lina Radke fut expulsée de cette ville devenue polonaise en 1945, et gagna Torgau, en Saxe-Anthalt. Durant sa fuite, elle égara sa médaille d’or olympique: le Comité olympique est-allemand lui offrit une copie en 1956. Le couple Radke s’installa à Karlsruhe en 1961, peu avant la construction du Mur de Berlin.
©Pierre LAGRUE