Roger Federer forfait pour Rio

Le tennis a-t-il vraiment sa place aux Jeux ?

Le Suisse Roger Federer a annoncé qu’il renonçait à participer aux Jeux de Rio, et qu’il mettait un terme à sa saison. La présence de l’Espagnol Rafael Nadal à Rio est également incertaine. On ne peut mettre en doute leur volonté de participer à la fête olympique. Mais à l’heure où le golf, qui fait son retour au programme, sera privé des plus grands champions, désintéressés par l’événement, le tennis a-t-il réellement sa place aux Jeux?

Le tennis fut sport olympique de 1896 à 1924. Il fut alors supprimé du programme, car il ne réussissait pas à faire la preuve de la qualité d’«amateurs» de ses meilleurs pratiquants. Il disparut des Jeux pour plus d’un demi-siècle, et allait dès lors se développer en dehors du giron olympique, sans que son prestige en souffre. Le tennis réintégra le programme en 1988, avec l’arrivée des professionnels aux Jeux. Mais était-ce une bonne idée? Historiquement, le tennis eut une réelle importance pour le sport féminin: ce fut la première discipline (avec le golf) à accepter les femmes aux Jeux, en 1900. Dès lors, les plus grandes championnes brillèrent aux Jeux: Dorothea Chambers (1908), Suzanne Lenglen (1920), Helene Wills (1924) s’adjugèrent la médaille d’or. A contrario, aucun des plus brillants tennismen de ce temps ne fit de la compétition olympique une priorité.

Quand le tennis retrouva sa place aux Jeux, les femmes, s’accaparant en quelque sorte l’héritage de leurs anciennes, se lancèrent dans l’aventure olympique: dès 1988, l’Allemande Steffi Graf, numéro un mondiale, s’adjugea la médaille d’or. En revanche, les hommes, perpétuant la tradition, boudèrent quelque peu les Jeux: en 1988, le Tchécoslovaque Miroslav Mecir, un joueur de talent mais qui ne fait pas partie du gotha, s’imposa. Les choses changèrent par la suite, notamment avec la victoire de Rafael Nadal à Pékin en 2008. Néanmoins, le tennis, qui fait la une de l’actualité sportive quatre fois par an à l’occasion des tournois du Grand Chelem – sans même parler de la Coupe Davis –, doit-il bénéficier de la vitrine olympique, ou devrait-il s’effacer pour laisser la vedette aux multiples sports confidentiels pour les médias? La question mérite d’être posée…

©Pierre LAGRUE