Du sang dans la piscine…
Les événements politiques marquèrent bien souvent l’histoire olympique. Les conflits internationaux annexèrent les enceintes sportives à de multiples reprises. Un des épisodes les plus connus de cette intrusion du politique vers le sportif se déroula en 1956, aux Jeux de Melbourne, au cours d’un match de water-polo opposant la Hongrie à l’U.R.S.S. En effet, un vaste mouvement populaire avait pris forme en Hongrie, le pays voulant se libérer du joug stalinien. L’Armée rouge soviétique avait pénétré dans Budapest le 4 novembre 1956 et avait écrasé l’insurrection populaire. Aussi, quand débutèrent ces Jeux Olympiques de Melbourne, la Hongrie était à feu et à sang. Les sportifs hongrois participèrent néanmoins aux compétitions.
Les Hongrois avaient fait de la victoire dans le tournoi de water-polo un de leurs objectifs. Les rivaux les plus sérieux de la Hongrie étaient la Yougoslavie et l’U.R.S.S. Le 28 novembre, la Yougoslavie avait battu l’U.R.S.S. (2 buts à 1). Pour conserver un espoir de médaille d’or, l’U.R.S.S. devait donc vaincre la Hongrie, qu’elle affrontait le 6 décembre. Dans ce contexte difficile, ce match dépassait bien sûr le cadre sportif et il se déroula dans un climat plus que tendu, dans le bassin comme dans les gradins.
À 5 minutes du terme de la rencontre, alors que la Hongrie menait 4 buts à 0, l’affrontement se transforma en bataille rangée: le Soviétique Valentin Prokopov porta un violent coup de coude au visage du Hongrois Ervin Zádor et lui ouvrit l’arcade sourcilière, qui saigna abondamment; le sang rougit le bassin. Dès lors, les coups se multiplièrent, le public invectiva et menaça les joueurs soviétiques. L’arbitre, M. Zuckerman, mit un terme au match avant la fin du temps réglementaire car il estimait que la sécurité des joueurs soviétiques n’était plus garantie. Le lendemain, la Hongrie dominera la Yougoslavie (2 buts à 1) et s’adjugera la médaille d’or. Mais plusieurs joueurs hongrois ne rentreront pas dans leur pays…
©Pierre LAGRUE
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